Hubert Reeves
Je partage avec mon ami Jean-François Gromaire le goût de la nature et des paysages grandioses.
Comme lui j'aime les plaines immenses et les cieux infinis où rodent les nuages.
Dans sa peinture tout respire le calme et la solitude et cette angoisse diffuse devant l'immensité silencieuse des grands espaces.
Priscilla Telmon
Jean-François, chacun de tes tableaux
est une caresse des yeux comme une prière du coeur.
Quel ½il, quelle attention à sa propre expérience terrestre pour parvenir aujourd'hui à voir,
À trouver l'unité dans le multiple, le vide dans le plein, la vie dans tout ce qu'on donne pour mort au monde « moderne ».
Ces mondes parallèles, ces ciels infinis, ces portes qui s'ouvrent vers un ailleurs...
La lumière coule dans le noir. Les contours vibrent délivrant des paysages presque animés.
Tes peintures racontent une splendide éternité... C'est magnifique...
Stéphane Audeguy
En un sens il est inutile de présenter la peinture de Jean-François Gromaire. Elle se recommande d'elle-même, ne suppose pas un savoir ésotérique, et n'exclut pas celui qui s'en approche. Si l'on ajoute à cela que chacune de ses toiles réinvente un univers singulier, poétique, puissant, on comprend aisément pourquoi je tiens Jean-François Gromaire pour l'un des peintres les plus remarquables d'aujourd'hui.
L'apparente simplicité de sa peinture, comme toujours chez les meilleurs, est une conquête, qui passe notamment par le refus des facilités décoratives. Les figures et les fabriques qui peuplent parfois ses toiles sont douées d'une très forte présence, énigmatique et belle ; plus que de Chirico, auquel on songe d'abord parce que ces paysages semblent, comme on dit, métaphysiques, il faut évoquer Giorgio Morandi. Ces paysages sans pays sont nos contemporains, ne renvoyant ni à un avant édénique, ni à un après apocalyptique.
On devine ce travail nourri par une grande familiarité avec l'histoire de la peinture (que le grand-père de l'artiste soit l'illustre Marcel Gromaire n'est certainement pas, de ce point de vue, anecdotique). C'est aussi une peinture d'homme du monde, si l'on veut bien entendre cette expression au sens le moins mondain de l'expression, et l'on ne s'étonne pas d'apprendre que Jean-François Gromaire a pratiqué les artisanats les plus divers, du travail du bois au pilotage d'hélicoptère.
Peinture méditative, pensive plutôt que pensante : un savant saurait détailler les affinités profondes du travail de Jean-François Gromaire avec les arts dits traditionnels, de l'Extrême-Orient notamment, mais aussi, sans doute, avec le lyrisme architectonique d'un Debré ou d'un Soulages. Au simple amateur, il suffit de se laisser absorber lentement par ces toiles où l'homme est à sa place, essentiel et dérisoire, et parfois même absent.
Valérie Tordjman
La terre reste en vue. Nulle trace d'un être humain si ce n'est une de ses industrieuses constructions s'élevant au-dessus du sol. De géant vous devenez minuscule devant ces formes architectoniques. Elles se dressent, immenses, bouchent l'horizon. Vous entrez en peinture.
Et en peinture, il faut savoir embrasser le paysage du regard et fermer les yeux.
Les constructions de Gromaire s'enracinent dans une nature limpide, et trouble aussi. Une matière hantée d'invisibles catastrophes en devenir.
Elles surgissent d'une toile à l'autre bruissantes, murmurent entre-elles, s'apaisent mutiques. Et soudain, c'est un hiatus visuel. Vous basculez dans un intérieur noir de bougie, un ciel gros de nuages s'y engouffre. Tonitruant. Au gré des courants ascendants et descendants, les températures et les pressions qui peuplent l'air atmosphérique viennent s'inscrire sur la toile blanche du peintre. Minérale, sa matière raconte la turbulence des écoulements entrelaçant à l'infini fluidité et solidité, vitesse et ralentissement. Lors les cieux tourmentés, saturés d'outremer, sont lavés au bleu du ciel. Bleue est la plus petite onde de lumière solaire traversant l'atmosphère terrestre, au prisme de la vapeur d'eau et des particules de l'air. On voit une image et c'est une illusion d'optique. Imaginez-vous décoller du sol, vous évoluez dans les airs. Aérien.
Ouvrez les yeux maintenant, et voyez ce que voit Gromaire.
Cette ressemblance qui fait image, c'est un tableau, vous êtes dans le tableau exactement. Ce peut être un diptyque, un triptyque, une série. Ce sont des fictions. Et Gromaire se tient là, à l'affût avec ses pinceaux ailés de terre et d'ombre. En proie au bruit des nuages.